La Stratégie Ender: un scénario invraisemblable

PHOTO: Wolf Gang / CC BY-SA 2.0

Je m'attendais à ce que La stratégie Ender soit un grand film de science-fiction, un film de la trempe d'Avatar ou de Gravity. Mes espérances étaient peut-être trop grandes car j'ai été déçu.


 Pourtant le thème du film est inspirant, la réalisation brillante, les effets spéciaux époustouflants, la musique appuie bien l'action et l'interprétation est valable. Alors qu'est-ce qui ne va pas? Eh bien la psychologie des personnages et l'histoire sont INVRAISEMBLABLES, voilà ce qui ne va pas, voilà ce qui m'a empêché d'accrocher à ce film.

 Des exemples? 

1) Une société du futur confie à des enfants de 12-13 ans la direction des opérations militaires. Le commandant en chef, nommé Ender, aussi bien que ses lieutenants sont tous des enfants. Pas des jeunes, ce qui pourrait être crédible, mais des enfants. 

2) Ender, le très jeune commandant en chef, se révèle un messie, un être unique que personne ne peut égaler, l'équivalent de Jésus sur le plan militaire. Sur cette planète Terre de l'avenir, une planète surpeuplée, nous dit-on dans le film, il n'y aurait qu'UNE seule personne qualifiée pour diriger les forces militaires?

 3) Pour se préparer à la guerre future, la seule variable à considérer est le talent du commandant en chef. Apparemment la quantité et la qualité des armements, la puissance industrielle, la connaissance de l'ennemi par l'espionnage, etc. sont des facteurs sans aucune importance. Seul compte le talent du chef. Puisqu'il était génial, Napoléon aurait sûrement gagné toutes ses guerres avec une mini-armée de 300 soldats équipée d'arcs et de flèches, n'est-ce pas?

 4) Le commandant en chef est isolé de sa famille dans son enfance, dressé à réprimer ses émotions, constamment victime de violences physiques, d'injustices et d'humiliations. Et pourtant il deviendra un leader plein de compassion et d'attention pour les autres, un chef soucieux de justice et d'équité. N'importe quel psychologue vous dira qu'un enfant soumis aux même traitements qu'Ender deviendra soit agressif, rebelle et antisocial soit dépressif et angoissé. Ou peut-être tout cela à la fois... Mais certainement pas un chef à la personnalité équilibrée, confiant en lui-même, et soucieux des autres.

 5) La formation du commandant en chef est centrée sur des combats en équipe effectués en apesanteur avec des pistolets incapacitants: une version futuriste du jeu de cowboys et d'indiens. Même s'il ne se trouvera jamais dans une telle situation dans le contexte du commandement suprême. Pour le futur leader militaire, pas d'études scientifiques, pas de stratégies complexes et pas de pilotage d'aéronefs mais plutôt un jeu enfantin. Apparemment ce serait la formation optimale pour apprendre à diriger des flottes de navires spatiaux hyper-sophistiqués...

 6) Dans des batailles décisives pour l'avenir de la planète, le commandant en chef, malgré tout son génie, est incapable de faire la différence entre une simulation de combat et un combat véritable. Vraiment? Vous avez vu beaucoup de pilotes d'avion ou de drones incapables de différencier le pilotage sur simulateur du pilotage réel? Beaucoup de joueurs de poker sur internet incapables de différencier le jeu en argent gratuit du jeu en argent réel? Beaucoup de personnes incapables de distinguer un jeu vidéo de guerre d'une guerre véritable?

7) Et à supposer que le point 6 ci-haut soit possible, est-il logique de penser que le gouvernement d'une société future ne dise pas à son commandant en chef que la bataille est une véritable bataille? Ne craindraient-ils pas que le commandant arrête tout en disant: « J'ai mal à la tête, nous continuerons ce jeu une autre fois? »



Bref seuls des enfants peuvent réellement croire à cette histoire. Malheureusement je n'en suis plus un.


P.S. 1/1/2016
D'après le site web IMDB, La stratégie Ender aurait coûté 110 millions de dollars à produire mais n'aurait récolté que 61 millions au box-office. Après tout, je ne suis peut-être pas le seul à avoir trouvé ridicule le scénario de ce film...

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Citation du jour

« La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir de la vraisemblance, ce qui n'est pas nécessairement le cas de la réalité. »
Mark Twain